Dans cette dynamique, l'AFC/M23 a dévoilé, à Goma, le 3 décembre 2025, les conclusions de l'atelier fiscal de novembre, annonçant une réforme historique qui pourrait transformer durablement le paysage économique et institutionnel de la région.

Sous la houlette de la cheffe adjointe du Département des finances, Fanny Kaj, et entourée d'experts venus du Nord et du Sud-Kivu, une " révolution silencieuse " a été annoncée : la suppression de 225 taxes et impôts, soit près de 60 % de l'arsenal fiscal existant, un geste audacieux visant à rendre le système à la fois lisible, cohérent et efficace.

L'ère des 536 taxes, éparpillées entre DGI, DGRAD, DGR-NK, DPMER et ETD, marquée par les doublons, les tracasseries et les lenteurs administratives, semble ainsi toucher à sa fin. L'objectif proclamé : alléger le fardeau des contribuables et créer un environnement propice aux affaires et à l'investissement.

Une réorganisation structurelle et une modernisation radicales

La réforme s'articule autour de quatre axes majeurs. D'abord, l'administration et la gouvernance fiscale : la création d'une Commission permanente de réforme, la fusion des services d'assiette et l'instauration de mécanismes d'audit interne destinés à prévenir la corruption.

Ensuite, la digitalisation complète des opérations fiscales, avec la mise en place d'une base de données centralisée, l'automatisation des paiements et la traçabilité exhaustive de chaque transaction, ouvrant la voie à une fiscalité moderne et transparente, première dans la région.

Les réformes sectorielles ciblent des domaines stratégiques : le tourisme et la culture voient leurs taxes simplifiées pour attirer les investisseurs ; le transport bénéficie d'une réduction des obstacles administratifs entravant la circulation des biens ; la fiscalité foncière et minière est actualisée pour mieux réguler les concessions et les revenus locatifs ; enfin, les PME sont soutenues par la réduction des formulaires et des intermédiaires, gages d'une flexibilité accrue et d'une relance économique stimulante.

Enfin, des centres de perception de proximité, six au Nord-Kivu et huit au Sud-Kivu rapprochent l'État des contribuables, matérialisant l'ambition de réappropriation de l'action publique par le citoyen.

Dès janvier 2026, toutes les opérations fiscales seront centralisées via un guichet unique, permettant un suivi en temps réel, un accès numérique complet et la fin des tracasseries administratives.

Bertrand Bisimwa, coordonnateur adjoint chargé de la politique et de la diplomatie, a insisté sur la nécessité d'assignations précises et de calendriers rigoureux pour assurer des effets rapides et tangibles.

Une réforme inclusive au service du citoyen et du développement

La dimension inclusive de la réforme a été soulignée par Corneille Nangaa, coordonnateur du mouvement, qui a insisté sur la participation de la FEC, de la société civile et des Églises dans l'accompagnement de ce processus. La réforme vise à renforcer la TVA comme pilier de la fiscalité moderne et à lutter contre les détournements qui ont longtemps miné les finances publiques.

Les impacts attendus sont considérables : simplification administrative, réduction des coûts pour entreprises et commerçants, transparence accrue grâce à la digitalisation, confiance renouvelée des investisseurs et amélioration de la productivité dans l'administration fiscale.

Pour Fanny Kaj, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu doivent devenir des laboratoires d'une fiscalité moderne et équilibrée, en phase avec la relance économique. L'exemple ainsi posé devra, selon Corneille Nangaa, être étendu à l'ensemble de la RDC libérée, incarnant un modèle de gouvernance publique réformée et orientée vers le service effectif du citoyen.

L'AFC/M23 a présenté une réforme historique susceptible de transformer durablement le paysage économique et institutionnel de la région

Tite Gatabazi



Source : https://fr.igihe.com/Gouvernance-et-reappropriation-de-l-action-publique.html