Les victoires diplomatiques authentiques se passent volontiers d'effets de manche : elles se reconnaissent à la sobriété de ceux qui les portent, à la sérénité tranquille de ceux qui n'ont rien à prouver car tout a déjà été acquis dans la salle de délibération.
A cet égard, l'image du Président Kagame, accueilli avec les honneurs par la marine américaine, est révélatrice. Son sourire calme, assuré, presque minimaliste n'était pas celui d'un homme en quête de triomphe ostentatoire, mais celui d'un dirigeant conscient de ce qu'il veut, fidèle à une discipline méthodique et mû par une détermination qui ne s'exhibe pas mais se constate.
Ce sourire, discret et néanmoins souverain, traduisait mieux que tout communiqué la certitude d'un processus maîtrisé de bout en bout.
Il y avait là un contraste saisissant avec la frénésie communicationnelle observée dans certains cercles du pouvoir congolais, où l'agitation tient souvent lieu de stratégie et où l'apparat semble compenser les lacunes d'une préparation insuffisante. Dans l'art exigeant de la négociation internationale, l'assurance silencieuse surpasse toujours la gesticulation sonore.
Deux Styles d'Etat : méthode et gravité contre brouillonne précipitation
Le fossé entre les deux styles de gouvernance, celui de Kigali et celui de Kinshasa, s'est une fois encore révélé dans sa pleine amplitude. D'un côté, un sommet de l'État congolais trop souvent englué dans la précipitation, dans la fuite en avant, dans cette forme d'improvisation institutionnelle qui trahit un manque de boussole stratégique.
Trop de porte-paroles, trop de mises en scène, trop peu de substance : une communication qui sature l'espace pour mieux masquer l'absence de ligne claire.
De l'autre, un État rwandais où la méthode prévaut, où chaque geste est pesé, chaque parole calibrée, chaque sortie publique dotée d'une portée réfléchie. Cette démarche lente, assurée, presque géométrique, inspire naturellement le respect : elle atteste d'une organisation interne cohérente, d'une compréhension aigüe des rapports de force, et d'une vision suffisamment ferme pour ne jamais se laisser distraire par le bruit ambiant.
Entre les deux rives, la diplomatie américaine, en médiateur avisé, n'aura eu aucun mal à distinguer la posture qui révèle la solidité d'un État de celle qui trahit encore son hésitation. Et dans cette scène internationale où la maîtrise vaut plus que la mise en scène, l'autorité tranquille du Rwanda contraste puissamment avec la fébrilité expressive de la RDC.
Ainsi se lit la grande leçon de Washington : la puissance véritable, dans le concert des nations, est d'abord affaire d'ordre intérieur, de méthode et de mesure et se passe très bien des clairons.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/L-eloquence-du-silence-et-la-souveraine-maitrise.html
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