Arrivé au Rwanda depuis le 12 juillet dernier, il avoue qu'il prend ses fonctions dans un climat favorable car apaisé. Mais il est conscient de la forte attente de part et d'autre et les challenges sont là. Le Rwanda est un beau pays avec une nature généreuse. C'est un pays qui compte sur la scène continentale et est scruté par tous les voisins proches et lointains. Et les français ne peuvent rester indifférents à cet état de fait.
Parmi les annonces figure l'arrivée au Rwanda le 20 septembre 2021 d'un officier de liaison qui aura son bureau à l'ambassade et qui sera chargé du dossier « présumés génocidaires ». Il fera le lien direct entre les instances judicaires françaises et rwandaises.
En effet, Paris souhaite envoyé un signal fort aux rescapés du génocide contre les tutsis : « la France n'est plus le sanctuaire des génocidaires ». Pour ce faire, des efforts sont faits dans ce domaine et des actes concrets sont posés. Des moyens supplémentaires en personnel qualifié et ressources ont été alloués au « pole crimes contre l'humanité » du tribunal de Paris et plusieurs dossiers des présumés génocidaires sont en cours. Deux dossiers passeront en cour d'assises d'ici novembre, d'autres sont en instruction.
Il a dit qu'il était heureux d'être nommé à Kigali. Quand on connait un peu son parcours, on imagine aisément qu'il y a des raisons personnelles et professionnelles de satisfaction. Etant entendu qu'il était diplomate à Kampala de 1987 à 1991.
Et qu'à l'époque, il avait des entretiens avec les réfugiés rwandais qui lui avaient permis d'avoir une perspective sociologique et politique de la problématique des réfugiés rwandais dans la sous-région. C'est fort de cette connaissance approfondie de terrain qu'arrivé à Paris, il prêcha, hélas, dans le désert. Pour la petite histoire, il s'exprime en français et en anglais. Ça tombe bien, le Rwanda est un pays multilingue. Ni francophone, ni anglophone mais Rwandophone.
Il reconnait que « les relations entre la France et le Rwanda ont été très difficile compte tenu du rôle de la France avant, pendant et après le génocide contre les tutsis. Il se félicite de la volonté traduite en actes par les deux Présidents pour clarifier la situation. C'était le sens de la commission Duclert ».
Le rapport Duclert a permis d'avoir un narratif commun car fondé sur des documents officiels.
La France était quasi absente du Rwanda. Mais depuis trois ans, sa présence monte en progressivement. D'où l'existence des entreprises françaises sur le marché Rwandais dont le Golf Club de Nyarutarama, le village culturel de Canal Plus pour ne citer que celles-là. Coté services de l'ambassade, il y a le centre culturel francophone et bientôt un bureau de l'Agence Française de Développement à Kigali. En matière sportive, le Paris Saint Germain qui ouvre une académie de football à Huye en septembre 2021.
Car si le Rwanda est un marché étroit, il a une position stratégique au cœur de l'Afrique centrale et se positionne comme une plate-forme de rayonnement économique dans la sous-région. Le Rwanda est aujourd'hui un pays à revenu intermédiaire et s'affiche comme « un hub » dans plusieurs secteurs économiques. Ses infrastructures et sa législation favorisent un climat attractif des affaires.
S'agissant des négationnistes qui sévissent sur les réseaux sociaux depuis la France, il trouve que l'arsenal juridique permet de les traduire en justice car la lutte contre le négationnisme est un combat de tous les jours.
Il dit que sa porte est ouverte et qu'il se fera toujours le plaisir de s'entretenir avec un ou plusieurs journalistes.
Tite Gatabazi
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