Le mouvement indépendantiste maï-maï Bakata-Katanga menace à nouveau d'attaquer certaines agglomérations dont Lubumbashi et Mitwaba. C'est le gouvernement provincial du Haut-Katanga qui a révélé cette information dans son compte rendu du conseil des Ministres du 30 décembre 2022.
Des informations parvenues à l'exécutif provincial, font état de la présence du fugitif le seigneur de guerre Gédéon Kyungu Mutanga aux environs du territoire de Mitwaba. Il est présenté comme cerveau de la menace d'attaques.
La province du Haut-Katanga n'est pas la seule visée. Celle du Lualaba l'est aussi, concluent les experts de ses deux entités.
" Et alors, de la rencontre des experts venus du Lualaba et du Haut-Katanga, il a été établi que la menace est bel bien réelle pour les deux provinces. Pour ce faire, les actions des grandes envergures sont projetées entre le 20 décembre 2022 et le 5 janvier 2023 dans les grandes agglomérations du Haut-Katanga", a rapporté Joseph Sambi ministre provincial de la santé qui a fait lecture du compte rendu de cette réunion.
Kyungu Mutanga : un fugitif recherché
Avec à sa tête le seigneur de guerre Gédéon Kyungu Mutanga, le mouvement indépendantiste Bakata-Katanga s'illustre de manière répétitive à l'envahissement de la ville de Lubumbashi principalement pour réclamer l'indépendance de la région du Katanga.
Les incursions de ce mouvement occasionnent à chaque fois des pertes en vie humaine du côté des miliciens comme des forces loyalistes.
Gédéon Kyungu est réputé pour son activisme dans le triangle de la mort zone redoutée dans l'ancienne province du Katanga. Chef de la milice Maï-maï Bakata-Katanga, son mouvement est reconnu pour les exactions, pillages, viols, tueries de masse et actes de cannibalisme.
En 2006, Kyungu Mutanga Gédéon s'est rendu aux troupes de la MONUC (mission d'observation des nations unies en RDC) actuelle MONUSCO. À l'issue d'un procès organisé à l'auditorat militaire du Katanga, il sera condamné à la peine de mort en 2009 pour crimes contre l'humanité.
En septembre 2011, Kyungu Mutanga va s'évader de la prison de Kasapa après que ses adaptes aient ouvert le feu sur les gardiens. En 2016 les pourparlers sont engagés en vue de sa reddition et il s'est rendu aux autorités du pays avant d'être assigné à résidence surveillée.
Depuis avril 2020, il s'est échappé une nouvelle fois. C'est un fugitif recherché par les services de sécurité qu'il continue à défier.
Affaire Bakata-Katanga : l'état congolais au banc des accusés
Dans une interview à POLITICO.CD, le Député provincial du Haut-Katanga Dieudonné Pablo Ngwej avait chargé l'état congolais d'être à la base de la persistance de la milice maï-maï Bakata-Katanga.
" Quand vous étudiez la chose, vous vous rendez compte que l'état congolais a mal géré cette histoire depuis toujours. En fait ces gens là (maï-maï) ont été utilisés par l'état congolais à l'époque d'autodéfense après une guerre d'agression en 1998. C'est comme ça qu'il y avait distribution des armes à ces gens là, pour qu'ils luttent contre l'ennemi ", avait expliqué le Professeur Pablo Ngwej, regrettant par ailleurs l'abandon à leur triste sort de ces éléments.
Pour être on peut plus clair, ce cadre du FCC a dénoncé la tendance de deux poids, deux mesures. " On a vu du côté de l'Est, les seigneurs de guerre ont été incorporés dans l'armée et d'autres réinsérés dans la société avec la prise en charge du programme DDR (désarment, démobilisation et réinsertion) et on les a remis dans la société. Je n'ai jamais compris, pourquoi est-ce que ces gens là chaque fois ils doivent revenir? ", s'etait-il interrogé.
"Moi je pense qu'il faudrait que, les autorités polico-administratives se penchent une fois pour toutes sur cette question en vue de la paix et de la quiétude dans ce coin de la République. Sinon, on verra chaque fois des gens troubler l'ordre public, puis repartir", avait conseillé l'ancien Vice-Président de l'Assemblée Provinciale du Haut-Katanga.
Junior Ngandu
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