Depuis l'annonce de la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie, la rwandaise Louise Mushikiwabo, de ne pas faire le voyage pour la capitale congolaise, Kinshasa, afin de participer aux neuvièmes Jeux de la Francophonie qui auront lieu du 28 juillet au 06 août prochain, les réactions allant dans tous les sens ne cessent de se multiplier.
Malgré toutes les assurances données à la presse par le ministre de l'Intérieur, Peter Kazadi, en annonçant le lundi dernier, la prise des mesures sécuritaires importantes pour assurer la protection de la secrétaire générale de l'OIF, la porte-parole de cette dernière, Oria Vande Weghe citée par l'Agence France Presse a révélé mardi, que la République démocratique du Congo avait annoncé en juin dernier qu'une " invitation formelle serait adressée à Louise Mushikiwabo par le ministère congolais des Affaires étrangères. Et depuis lors, cette invitation n'a jamais été envoyée ".
Par conséquent, la diplomate rwandaise a pris la résolution de ne pas rallier Kinshasa, préférant se faire représenter par l'administratrice de l'OIF, la québécoise Caroline St-Hilaire.
Réagissant cet après-midi, à cette absence remarquable de Louise Mushikiwabo, la sénatrice congolaise, Francine Muyumba, a expliqué que c'est une " erreur diplomatique " pour la République démocratique du Congo, de ne pas envoyer une invitation en " bonne et due forme " à la secrétaire générale de l'OIF.
" Tout en m'opposant à l'agression rwandaise, je désapprouve cette approche qui rabaisse la RDC car madame Mushikiwabo est Secrétaire générale de l'OIF et elle n'incarne aucune fonction rwandaise en ce moment. Tout en désapprouvant les manœuvres inacceptables rwandaises dans les institutions internationales à travers leurs représentants contre le Congo, il est de la responsabilité de la RDC de faire preuve de grandeur ", s'est-elle indignée dans un post sur son compte Twitter.
Mettant en avant son expérience personnelle pour étayer ses propos, la sénatrice congolaise a expliqué avoir été présidente de l'Union Panafricaine de la Jeunesse (UPJ) au moment des vives tensions entre Kinshasa et Kigali. Malgré ce bras de fer diplomatique, Francine Muyumba a affirmé avoir représenté la jeunesse africaine à toutes les rencontres de l'Union africaine ou autres organisations, tenues au Rwanda, car selon elle : " elle était tout d'abord au service du continent, de l'ensemble de la jeunesse africaine y compris celle du Rwanda ".
" Je répondais aux invitations du Rwanda car j'avais dans mes attributions également, la représentation de la jeunesse rwandaise avec laquelle j'ai eu aussi à servir l'Afrique. Je désapprouve. Il faut faire la part des choses, notre problème c'est le Rwanda et non l'Organisation internationale de la Francophonie. C'est une très mauvaise approche diplomatique ", a conclu la sénatrice congolaise.
Les relations diplomatiques entre la République démocratique du Congo et son voisin le Rwanda, ne sont plus au beau fixe depuis quelques années. En effet, Kinshasa accuse Kigali d'alimenter le mouvement terroriste du M23 qui commet des exactions successives sur les populations civiles et continue d'occuper certaines zones dans la partie Est du territoire congolais.
Malgré les médiations, entre autres, de la CIRGL, de l'EAC ou encore de l'Union africaine, le climat tendu entre les deux pays voisins continuent de s'accentuer, à tel point que la République démocratique du Congo a rappelé son ambassadeur accrédité au Rwanda et celui rwandais qui était à Kinshasa, a été déclaré persona non grata.
Ce n'est pourtant pas la première fois que l'Organisation internationale de la Francophonie serve de ring du combat diplomatique opposant la République démocratique du Congo au Rwanda. Il y a précisément huit mois, pour protester contre l'agression rwandaise sur son territoire, la délégation de la République démocratique du Congo, conduite par le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, avait refusé de s'afficher dans la même photo de famille du 18ème Sommet des Chefs d'État et de gouvernement de la Francophonie, avec président rwandais, Paul Kagame.
Monge Junior Diama
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