Celui qui a longtemps agi dans l'ombre, affilié à des atrocités en Syrie et en Afrique, confirme la démesure de sa trajectoire, de l'ombre des geôles russes à la proximité avec le pouvoir.

Né à Leningrad, aujourd'hui Saint-Pétersbourg, le même berceau que le président russe, Evgueni Prigojine a emprunté un chemin sinueux vers le pouvoir.

Condamné dans les années 80 pour divers délits, sa libération en 1990 coïncide avec l'effondrement de l'Union soviétique, et les portes du capitalisme s'ouvrent grandement devant lui.

De la vente de hot-dogs, il gravit rapidement les échelons, se lançant dans la restauration haut de gamme. Le New Island, l'un de ses établissements, devient le sanctuaire gastronomique de l'élite, dont Poutine qui, séduit, y invite des leaders mondiaux.

Ces relations privilégiées avec le président lui valent de juteux contrats : restauration des écoles de Moscou et de Saint-Pétersbourg, puis de l'armée russe. Sa fortune croissante, tout comme celle de nombreux oligarques, attise les curiosités et suscite interrogations.

Mais c'est véritablement en 2014 que Prigojine se distingue en fondant le groupe Wagner, en parallèle à l'annexion de la Crimée par la Russie.

Cette force, initialement perçue comme une simple rumeur lors de l'invasion de l'Ukraine, est aujourd'hui soupçonnée de viols, meurtres et diverses atrocités. Des services de renseignements occidentaux estiment à 50 000 le nombre d'hommes lui obéissant.
Ses apparitions publiques n'ont fait que renforcer sa réputation de fermeté, que ce soit en recrutant des détenus russes pour combattre en Ukraine ou en validant l'exécution brutale d'un déserteur de son groupe.

Sur la scène internationale, son nom est lié à des accusations d'ingérence dans les élections américaines de 2016 et d'influence croissante en Afrique.

Jamais dans la négation, il a même reconnu en novembre dernier avoir perturbé le processus électoral américain, promettant de continuer ses opérations "de manière chirurgicale".

L'histoire de Prigojine rappelle comment, dans le tumulte post-soviétique, un homme peut passer de prisonnier à oligarque influent.

Alors que les détails de sa disparition spectaculaire demeurent flous, d'aucuns n'hésitent même pas de dire que " la vengeance est un plat qui se mange froid ", en insinuant que Vladmir Poutine a une main derrière sa mort, lui qui avait tenter d'opérer une tentative de coup d'état contre lui, il y a deux mois, et que de fil en aiguille cet homicide constitue une mise en garde publique du maître du Kremlin contre toutes les élites qui s'opposent à sa politique.

Qu'à cela ne tienne, l'empreinte de la présence de Prigojine sur le groupe paramilitaire Wagner et ses relations étroites avec certains pouvoirs dont le russe, demeureront indélébiles.

L'avion à bord duquel se trouvait Euvgueni Prigojine en flamme après s'être écrasé au sol le 23/Août/2023

Jean Jill Mazuru



Source : https://fr.igihe.com/De-prisonnier-a-oligarque-qui-est-Evgueni-Prigojine-disparu-dans-un-ecrasement.html