Au fil des ans, il est devenu évident que lorsque l'on offre à une femme déjà active, par exemple dans une petite entreprise, les moyens de s'améliorer encore, les résultats peuvent être spectaculairement transformateurs. Prenons l'exemple d'une femme vendant des fruits dans un panier dans la rue : en lui fournissant une formation en techniques commerciales et un petit capital de départ, elle peut devenir une entrepreneuse prospère.

Cette approche s'est avérée souvent efficace, comme l'a démontré le cas du Rwanda. Lorsque les marchands ambulants ont été retirés des rues de Kigali, des marchés libres ont été créés pour accueillir ces vendeurs, dont la majorité étaient des femmes.

Un autre exemple convaincant concerne les femmes travaillant dans la vannerie ou l'art des perles. Lorsqu'elles sont rassemblées et formées en coopératives, leurs compétences deviennent une source de revenus durable, leur permettant de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.

C'est dans cet esprit que Street Business School (SBS) a été fondée en 2018, une organisation dédiée à l'autonomisation des femmes vulnérables en leur faisant acquérir des compétences entrepreneuriales nécessaires pour développer leurs entreprises.

Le Rwanda, avec ses initiatives en faveur de l'égalité des sexes et de l'émancipation des femmes, est un terrain propice pour les activités de SBS, qui cherche à étendre ses programmes dans le pays grâce à des partenariats avec des organisations locales axées sur la protection socio-économique.

Deepti Mathew, PDG de Street Business School, a été inspiré par les efforts du Rwanda dans ce domaine lors de sa visite récente pour la conférence Women Deliver. SBS conçoit des programmes de formation sur mesure pour les femmes analphabètes vivant dans des conditions précaires, leur permettant de devenir des entrepreneurs prospères et d'ouvrir la voie à un avenir plus dynamique pour elles et leur famille.

L'esprit d'entreprise est perçu comme une compétence essentielle par SBS, car il donne aux femmes l'indépendance et la détermination nécessaires pour sortir de la pauvreté. Grâce à ses partenariats avec des organisations locales, SBS peut étendre son impact en utilisant son programme de formation pour renforcer les compétences des femmes en matière de gestion financière, de confiance en soi et d'autres compétences entrepreneuriales.

Marie Jeanne Umurerwa est un exemple frappant de la réussite de cette approche. Avant sa formation, elle vendait des fruits et des produits alimentaires dans la rue avec des difficultés quotidiennes. Après avoir été formée par une organisation locale de femmes, elle est passée du statut de colporteur de rue à celui de gérante de son propre magasin, grâce à une nouvelle confiance en elle-même et aux compétences acquises.

"J'avais l'habitude de me battre avec les forces de l'ordre avec un enfant sur le dos et un panier sur la tête. Un jour, un homme est venu et a dit qu'ils cherchaient à former des femmes pour qu'elles puissent faire des affaires de manière formelle.

"D'autres ont dit qu'il s'agissait d'un agent ou d'un escroc, mais j'ai réalisé que je n'étais pas viable. Un jour, j'ai appelé le numéro que l'homme avait laissé derrière lui et on m'a donné une date. J'ai suivi une formation. La vie n'a plus jamais été la même", raconte Umurerwa.

Le modèle de formation des formateurs adopté par Street Business School( SBS) permet de travailler directement avec des organisations locales proches des communautés où vivent ces femmes, ce qui facilite leur accès à ces programmes et renforce leur confiance en elles.

"L'objectif est de s'assurer que ces femmes se sentent en confiance et qu'elles possèdent les compétences commerciales nécessaires pour créer leur propre petite micro entreprise", explique Deepti, ajoutant que les femmes sont principalement formées à la gestion financière, aux études de marché, à la planification d'entreprise et à d'autres compétences en matière d'entrepreneuriat.
Deepti explique que la plupart du temps, les femmes qui n'ont pas eu la chance d'être éduquées voient leur sens des affaires étouffé par le manque de compétences de base ou par les traditions qui les retiennent parce qu'elles sont simplement des femmes.

Cependant, dans de nombreux cas, il a été prouvé que tout ce dont ces femmes ont besoin, c'est de quelques compétences de base et qu'elles y parviendront par elles-mêmes.

Le programme sur mesure de la Street Business School s'adresse spécifiquement aux femmes vivant sous le seuil de pauvreté, peu alphabétisées, sans épargne et sans espoir
Certaines organisations rwandaises utilisent déjà le modèle de formation SBS, notamment celles qui travaillent avec des organisations s'occupant du VIH/sida, dans des camps de réfugiés, dans l'agriculture et la résilience climatique, entre autres domaines.

Deepti déclare que la conférence de Kigali a été l'occasion de reconnaître le travail remarquable accompli pour libérer les femmes des difficultés auxquelles elles sont confrontées.

Elle souligne que la conférence Women Deliver a offert une plateforme pour faire écho aux problèmes auxquels les femmes du monde entier continuent d'être confrontées, qu'il s'agisse des
mariages précoces ou du manque d'accès aux soins de santé et aux services de santé génésique, autant d'éléments qui continuent d'entraver l'émancipation des femmes.

"Tous les pays ne sont pas comme le Rwanda, qui a des politiques progressistes et favorables aux femmes. De nombreux autres pays peuvent s'inspirer de cet exemple", a-t-elle déclaré en évoquant les progrès réalisés par le Rwanda en matière d'égalité des sexes et d'émancipation des femmes.

Femmes intelligentes, nation forte : Le projet d'entrepreneuriat de Deepti Mathew au Rwanda

Ange-Carolle Kouassi



Source : https://fr.igihe.com/Femmes-intelligentes-nation-forte-Le-projet-d-entrepreneuriat-de-Deepti-Mathew.html