La nouvelle plateforme politique " Pacte pour un Congo Retrouvé " (PCR), lancée la semaine dernière, fait l'objet de nombreuses critiques depuis son annonce. Certains accusent cette initiative de saper l'unité de la famille politique du Président Tshisekedi.
Après un moment de silence, les promoteurs du PCR ont répondu publiquement aux accusations. Tout en réitérant leur appartenance à l'Union Sacrée, l'un de ses ténors, Julien Paluku, ministre de l'Industrie a précisé dans une interview accordée à la presse, jeudi que leur démarche n'avait pas pour but de provoquer une rébellion.
Selon Paluku, le PCR a simplement pour objectif de formuler des propositions concrètes pour répondre aux nombreux défis de développement et de réforme énumérés par le président Tshisekedi. " Il faut des acteurs pour matérialiser la vision du Président en matière de refondation de l'État ", a-t-il affirmé.
" La compréhension de l'opinion générale n'est pas celle que nous avons. Nous faisons partie de l'Union sacrée pour la Nation, qui est une vision mise en place par le Président de la République. L'Union sacrée ne concerne pas les personnes, mais plutôt une vision de la refondation de l'État congolais, qui permettra à la nation de sortir de son isolement et de son immobilisme depuis 1960. Pour cela, il faut des acteurs pour concrétiser cette vision. Ainsi, le PCR est une organisation composée d'acteurs politiques qui réfléchissent déjà aux défis évoqués par le président de la République lors de son investiture et ces défis doivent être relevés sous forme de propositions concrètes ", a explicité Julien Paluku soulignant que le PCR ne se contentera pas " d'applaudissements de circonstance, mais bien de proposer des systèmes politiques publics et réformes concrètes pour permettre l'émergence du pays. "
Le ministre a par ailleurs clarifié la différence entre majorité présidentielle et majorité parlementaire. Selon lui, l'Union Sacrée regroupe l'ensemble des forces qui ont soutenu l'élection de Félix Tshisekedi, tandis que la majorité parlementaire sera chargée d'accompagner le gouvernement.
"Je pense que ces personnes ne comprennent pas la différence entre une majorité présidentielle et une majorité parlementaire. Je l'ai clairement expliqué : une majorité présidentielle regroupe tous ceux qui ont fait campagne pour le président de la République, tandis qu'une majorité parlementaire regroupe l'ensemble des élus qui accompagneront désormais le gouvernement chargé de nous diriger au cours des 5 prochaines années ", clarifie-t-il.
A travers ces propos, Julien Paluku a défendu la spécificité du PCR qui, tout en restant dans l'Union Sacrée, entend jouer un rôle plus proactif dans l'élaboration des politiques à mettre en œuvre. Ses détracteurs accusent toutefois cette nouvelle plateforme de brouiller les cartes au sein de la famille présidentielle.
Le PCR: " un chantage et une rébellion " pour le camp Bemba
Le camp de Jean-Pierre Bemba a vivement réagi à la création récente du Pacte pour un Congo Retrouvé (PCR), la nouvelle plateforme politique lancée au sein de l'Union sacrée par plusieurs de ses membres. Francis Mabanza, cadre du Mouvement de Libération du Congo (MLC), a dénoncé une " rébellion et une démarche anarchiste ".
Selon ce professeur, il est incompréhensible et source de chantage de créer une majorité dans la majorité. Pour lui, la clarification du paysage politique doit se faire au Parlement, où le nombre de députés des différentes formations devra être vérifié.
Francis Mabanza a rappelé que le régime congolais est semi-présidentiel et que c'est au Président de la République de choisir le Premier ministre, après consultation de la majorité parlementaire. " L'USN a fait ses preuves lors des élections, je suis sidéré de voir certains vouloir se rebeller aujourd'hui ", a-t-il ajouté.
Ces critiques du MLC font écho à celles déjà formulées par l'AFDC de Bahati Lukwebo. Elles témoignent des tensions suscitées au sein de la coalition présidentielle par l'annonce du PCR, composé notamment de l'UNC, du Bloc 50 et de la CODE. La clarification de la répartition des forces politiques au sein de l'USN s'annonce délicate.
Appel à l'unité au sein de l'Union Sacrée
Face aux tensions suscitées par la création récente du Pacte pour un Congo Retrouvé (PCR), le secrétaire général de l'UDPS et membre éminent de l'Union Sacrée, Augustin Kabuya a appelé au calme et à l'unité. Après avoir rencontré le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, Kabuya a estimé " normal " que les membres du Présidium de l'USN se concertent.
" L'Union sacrée n'est pas une initiative d'un membre, mais bien du Président Tshisekedi. Nous devons l'accompagner dans ce projet ", a rappelé le chef du parti présidentiel. Selon lui, la création du PCR ne devrait " pas créer de suspicions ou de divisions "au sein de la coalition.
Il a demandé à ne pas dramatiser la situation, soulignant que tous les membres du Présidium restent déterminés à œuvrer ensemble sous la houlette du chef de l'État. " Nous avons parlé en famille. L'initiateur de l'Union Sacrée, c'est le Président. Nous travaillons parce qu'il le veut ", a-t-il martelé.
Ce discours apaisant contraste avec les critiques émises notamment par le MLC et l'AFDC à l'égard du PCR. Le secrétaire général de l'UDPS paraît résolu à souder les rangs de la majorité présidentielle, malgré les remous suscités par cette nouvelle plateforme. Son appel au dialogue et à la responsabilité devrait permettre de désamorcer les tensions.
Composé de quatre regroupements politiques membres de l'Union Sacrée dont l'Alliance Bloc 50 (AB50) de Julien Paluku, la Coalition des démocrates (CODE) de Jean-Lucien Bussa, l'Alliance des Agrégateurs-UNC (AA/UNC) de Vital Kamerhe et l'Alliance des Messagers du Changement (AMSC) de Tony Shiku et Laurent Batumona, le Pacte pour un Congo Renouvelé se défend de toute velléité séparatiste. Ses promoteurs entendent davantage contribuer aux efforts de transformation du pays, en mutualisant leurs réflexions sur les politiques publiques à mettre en œuvre.
Ézéchiel T. Mampuya
Cet article Julien Paluku répond au camp Bemba : " le PCR n'est pas une rébellion contre l'Union Sacrée " est apparu en premier sur Politico.cd.
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