Alors qu'un conflit armé déchire l'est de la RDC, le Conseil supérieur de la défense a plaidé le 5 février, pour l'exécution des personnes coupables de " trahison ". Le spectre de la peine de mort, aussi inhumaine qu'inutile, ressurgit après 20 ans sans exécutions.

L'ACAT-France et 76 partenaires appellent le Président Tshisekedi à protéger les droits de l'Homme. Ces organisations signataires de ce communiqué du 08 février ont réagi après la diffusion le 5 février à l'édition de 20 heures du journal de la RTNC, la demande du Conseil supérieur de la défense au commandant suprême des FARDC et Président de la République de lever le moratoire sur les exécutions des condamnés à mort en vigueur depuis 2003 en particulier ceux accusés de trahison au front.

" Les organisations signataires de ce communiqué ont suivi avec stupeur et consternation cette demande lue par monsieur le vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale de la République démocratique du Congo (RDC). Elles dénoncent les conséquences dramatiques d'une reprise des exécutions, dans l'hypothèse où cette proposition venait à être appliquée ", peut-on dans leurs communiqué.

À en croire ces organisations, l'application de la peine de mort n'aura aucun effet sur le terrain en dehors de " nourrir des idées fausses et dangereuses " selon lesquelles la peine de mort pourrait contribuer à mettre fin à la guerre et aux atrocités à l'est de la RDC.

" La justice ainsi que le rétablissement de l'État de droit sont des piliers essentiels pour lutter contre les cas d'impunité. La reprise des exécutions des condamnés à mort marquerait un retour en arrière des plus regrettables au regard des efforts positifs réalisés par les autorités congolaises en vue de l'abolition de la peine de mort depuis l'instauration du moratoire en 2003 ", ont-ils poursuivi.

Ces organisations estiment qu'à ce jour, plus de 800 personnes condamnées à mort sont détenues dans les prisons de RDC. En 2022, les tribunaux ont prononcé plus de 163 condamnations à mort. La même année, le pays a voté pour la première fois contre la résolution de l'ONU pour un moratoire universel sur les exécutions.

" Nous, les signataires, appelons à la non instrumentalisation de la peine de mort par des exécutions destinées à instaurer un climat répressif dans ce nouveau mandat. Ce retour en arrière viendrait également en contradiction avec la tendance actuelle que connaît le continent africain. En 2023, 27 États africains avaient aboli la peine de mort en droit. En Afrique centrale, seuls le Cameroun et la RDC n'ont pas encore franchi ce cap ", ont-elles conclu.

Les signataires en appellent à la sagesse du Magistrat Suprême et Président de la République qui a fait de la restauration de l'État de droit son cheval de bataille avec comme corollaires le respect des droits de l'Homme, dont le premier est le droit à la vie, et la lutte contre l'impunité pour trouver une solution au dysfonctionnement de l'appareil judiciaire.

Silas MUNGINDA

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Source : https://www.politico.cd/encontinu/2024/02/10/rdc-des-organisations-sopposent-a-la-demande-dexecution-des-traitres-dans-larmee.html/155627/