Provoquée par le conflit armé dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), la crise alimentaire ne fait que s'aggraver selon que la flambée des violences oblige les populations à abandonner leurs foyers une fois de plus.
Alors que ces déplacés surpeuplent les camps de réfugiés déjà saturés, le Programme alimentaire mondial (PAM) a, à travers un communiqué de ce vendredi 22 mars, alerté sur son incapacité à fournir son aide alimentaire aux plus nécessiteux, faute de financement humanitaire.
Depuis le début de cette année, près d'un million des personnes se sont déplacées en RDC, dont la grande partie migre vers Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, où les terroristes du M23, alliés des Forces armées rwandaises (RDF) terrorisent la population. Cette crise sécuritaire, entravant les routes principales de desserte agricole, a conduit à une pénurie alimentaire et a rendu le prix des denrées alimentaires sur les marchés de Goma hors de portée pour beaucoup.
Face à cette situation, le PAM a considérablement étendu ses opérations d'urgence, triplant le nombre de personnes bénéficiant d'une aide alimentaire, passant d'une moyenne de 400 000 personnes en mai 2023 à une moyenne de 1,3 million de personnes ce jour. Cependant, l'agence alimentaire de l'ONU ne dispose pas des fonds nécessaires pour poursuivre cette intervention d'urgence.
" La ville de Goma est entourée de dizaines de milliers d'abris temporaires, et leur nombre augmente chaque jour ", a expliqué Cindy McCain, Directrice exécutive du PAM, lors d'une récente visite dans la ville avant de poursuivre : " les personnes déplacées qui y sont entassées ont un besoin urgent de nourriture, d'eau potable et d'assainissement. Le PAM a besoin du soutien des donateurs et des partenaires pour intensifier sa réponse à cette crise qui s'aggrave et fournir une assistance indispensable aux personnes vivant dans les camps avant qu'il ne soit trop tard ".
Selon cette agence onusienne, environ un quart de la population de la RDC â€" soit 23,4 millions de personnes â€" est confrontée à des niveaux de famine ou pire encore. Beaucoup vivent dans des conditions pauvres et exiguës, avec peu ou pas d'accès à la nourriture, aux services de santé et à l'éducation.
Au cœur d'une crise alimentaire qui s'aggrave se trouve une situation catastrophique pour les femmes et les filles, en particulier celles qui vivent dans les camps de personnes déplacées. Les femmes et les filles sont constamment menacées de violence sexuelle, en particulier lorsqu'elles cherchent du bois de chauffage à vendre pour acheter de la nourriture pour leur famille.
Le PAM estime que mettre l'aide alimentaire entre les mains des femmes et leur offrir des moyens de subsistance est essentiel pour réduire les taux effroyables de violence sexiste en RDC.
L'agence nécessite 548,5 millions de dollars pour maintenir ses opérations globales en RDC. Au minimum, elle a besoin de 425 millions de dollars pour les six prochains mois pour soutenir ceux qui en ont le plus besoin dans l'est de la RDC, où la violence a entraîné des déplacements massifs.
Odon Bakumba
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