Dans une interview accordée au journal Le Figaro la semaine dernière, le Président de la République, Félix Tshisekedi s'est exprimé sur les récentes affaires judiciaires visant le journaliste Stanis Bujakera et sur les déclarations du cardinal Fridolin Ambongo sur le rôle de la RDC dans le conflit au Nord-Kivu.

Sans nommément citer son nom, le Chef de l'État congolais a tenu à rappeler que le journaliste Bujakera avait été poursuivi et condamné pour des propos "mensongers et diffamants" après avoir cité dans un article un rapport attribuant au renseignement militaire congolais un rôle dans la mort de l'opposant Chérubin Okende en juillet 2023.

Réagissant sur des déclarations récentes du cardinal Ambongo accusant la RDC d'armer les rebelles hutus des FDLR actifs dans l'Est du pays, le Président de la République démocratique du Congo a laissé entendre que "la liberté d'expression ne doit pas servir à affirmer des mensonges même quand vous êtes cardinal".

Tout porte à croire que le Chef de l'État n'a pas exclu l'hypothèse que le cardinal Ambongo soit déféré devant la justice.

" Si vous êtes journaliste et que vous tenez des propos mensongers et diffamants, comme ce fut le cas d'un journaliste après la mort d'un ministre, vous vous exposez à des poursuites judiciaires. Un journaliste n'est pas au-dessus des lois. Pareil pour le cardinal Fridolin Ambongo, l'archevêque de Kinshasa. Il s'est récemment fait le propagandiste du Rwanda en disant que la RDC armait les miliciens hutus des FDLR. Mais qu'il le démontre ", a lancé le Président Tshisekedi.

Il a affirmé que, dans les deux cas ( Bujakera et Ambongo), ce sont les cours de justice qui avaient agi et non le pouvoir politique, respectant ainsi la séparation des pouvoirs.

Tshisekedi a rejeté tout en bloc être contre la liberté d'expression, rappelant son passé d'opposant et tout en indiquant qu'elle restait garantie en RDC. D'après lui, ces poursuites judiciaires avaient avant tout pour but de sanctionner les "propos mensongers et diffamants".

" Je soulignerai que c'est la justice qui œuvre à chaque fois. La séparation des pouvoirs est respectée. Avec toute ma famille, mon père en tête, je me suis suffisamment battu dans l'opposition en faveur de la liberté d'expression pour ne pas en être aujourd'hui le fossoyeur. La liberté d'expression est garantie en RDC ", a-t-il fait savoir.

Pour rappel, le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde a ordonné l'ouverture d'une enquête judiciaire visant le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque catholique de Kinshasa.

Dans une lettre adressée au procureur général de la Cour d'appel de Kinshasa, M. Mvonde accuse le prélat de tenir des propos "séditieux" visant à décourager les militaires engagés dans les opérations contre les groupes armés dans l'est du pays.

Il lui est également reproché d'avoir décliné une invitation à se rendre au bureau du procureur général le 25 avril dernier pour discuter de certains dossiers en instruction.

Selon Firmin Mvonde, le cardinal tiendrait régulièrement lors de points de presse ou d'interviews des propos "incitatifs" encourageant les exactions des rebelles sur les populations. Des déclarations qui, selon lui, violent les lois de la République.

De son côté, le diocèse de Kinshasa a, dans un communiqué, affirmé que le dossier du cardinal Ambongo est géré de façon responsable conformément aux lois du pays et à l'accord entre la RDC et le Vatican.

Ézéchiel T. MAMPUYA

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