La destitution de Gachagua, votée par l'Assemblée nationale, a été confirmée par le Sénat lors d'un vote tardif jeudi soir. À la suite de ce verdict, le Président du Sénat, Amason Kingi, a immédiatement déclaré le poste de Vice-Président vacant dans un avis officiel diffusé la même nuit.
Afin de combler ce vide au sommet de l'exécutif, le Président de l'Assemblée nationale, Moses Wetang'ula, a annoncé vendredi matin que le Président Ruto avait proposé le nom du Professeur Kindiki pour remplacer Gachagua. Une session spéciale de l'Assemblée est prévue pour la journée afin d'examiner la nomination de Kindiki.
Étant donné la majorité dont bénéficie le Président Ruto à l'Assemblée nationale, il est probable que la nomination du Professeur Kindiki sera approuvée sans difficulté. Si elle est validée, Kindiki sera officiellement nommé et prêtera serment en tant que Vice-Président du Kenya.
Le parcours de Kithure Kindiki
Le Professeur Kithure Kindiki, âgé de 52 ans, est un avocat chevronné et un ancien sénateur ayant représenté le comté de Tharaka Nithi entre 2013 et 2022. Il s'est notamment illustré en défendant le Président Ruto devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, dans le cadre des accusations de crimes contre l'humanité liées aux violences post-électorales de 2007-2008. Les charges contre Ruto ont finalement été abandonnées faute de preuves suffisantes.
Kindiki était l'un des principaux candidats pressentis pour être le colistier de Ruto lors de la campagne présidentielle de 2022. Toutefois, Ruto avait opté pour Rigathi Gachagua, malgré le soutien massif de nombreux députés du parti en faveur de Kindiki. En reconnaissance de ses compétences, Kindiki a été nommé ministre de l'Intérieur, un poste qu'il occupe encore à ce jour.
La chute de Rigathi Gachagua
Rigathi Gachagua, dont les relations avec le Président Ruto se seraient détériorées ces derniers mois, a été destitué après que le Sénat ait approuvé cinq des onze accusations portées contre lui. Cinquante-quatre sénateurs ont voté pour sa destitution sur le chef d'accusation de violation grave de la Constitution, tandis que treize ont voté contre. Parmi les motifs retenus, des accusations de division ethnique de la population kenyane. L'Assemblée nationale avait cité des propos controversés de Gachagua, dans lesquels il comparait le gouvernement à une entreprise, insinuant que certaines régions avaient plus de droits que d'autres.
Outre ces accusations de politique de division, Gachagua a également été accusé de crimes économiques, de blanchiment d'argent, d'insubordination, de sabotage du gouvernement et de harcèlement de fonctionnaires de l'État. Cependant, certaines de ces accusations, notamment celles concernant les crimes économiques et le blanchiment d'argent, n'ont pas obtenu suffisamment de soutien.
Pour destituer un vice-président au Kenya, une majorité des deux tiers, soit 45 sénateurs sur 67, est requise pour chaque chef d'accusation. Gachagua est ainsi devenu le premier Vice-Président de l'histoire du pays à être démis de ses fonctions par ce processus.
Malgré son hospitalisation pour cause de maladie, le Sénat a poursuivi le procès de destitution. Rigathi Gachagua devrait, selon ses proches, contester cette décision devant la justice. Cependant, la destitution l'empêche désormais de briguer toute fonction publique à l'avenir.
Cette situation marque un tournant sans précédent dans l'histoire politique du Kenya, avec l'ascension probable du Professeur Kindiki au poste de Vice-Président, et une nouvelle ère de gouvernance pour le pays.
Alain-Bertrand Tunezerwe
Source : https://fr.igihe.com/Le-President-William-Ruto-nomme-le-Professeur-Kithure-Kindiki-comme-Vice.html
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