Dans la vidéo, Mutamba incite les prisonniers à cibler le président Paul Kagame et les Tutsi congolais, qu'il assimile systématiquement aux Rwandais. Il appelle ouvertement à des actions violentes, promettant des récompenses et la libération des détenus qui dénonceraient des " traîtres " ou des " étrangers ".
Des propos explosifs et des menaces claires
" Tous les prisonniers manipulés par Kagame et le Rwanda, nous les traquerons et les enverrons à la prison militaire d'Angenga. Nous arrêterons Kagame en personne. Je mets en garde quiconque est en contact avec un 'Rwandais' ou Kagame : ils seront transférés à Angenga. Nous refusons que l'ennemi étranger prenne nos terres. Notre chef de l'État ne permettra pas que ce pays soit gouverné par les Banyarwanda ", déclare le ministre dans un ton martial.
Mutamba va plus loin en encourageant la délation :
" Si vous aidez à identifier les ennemis, nous libérerons les innocents parmi vous. Rassemblez-vous et dénoncez-les ! Vous serez récompensés et relâchés. Je m'engage personnellement à vous libérer si vous collaborez. "
Ces propos, assimilables à des incitations à la haine et à la violence, surviennent dans un contexte déjà marqué par des accusations mutuelles entre Kinshasa et Kigali concernant la crise dans l'est de la RDC.
Réaction ferme du Rwanda
La porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a qualifié ces déclarations de " provocation extrême ". Dans un message publié sur X, elle a souligné que ces paroles incendiaires alimentent le conflit complexe impliquant les rebelles du M23, les forces gouvernementales congolaises, et des groupes armés alliés.
" Provocation extrême du ministre de la Justice de la RDC dans une prison à Goma, à quelques kilomètres de la frontière avec le Rwanda. Devons-nous maintenant nous attendre à voir des criminels et des prisonniers se joindre au mélange explosif des FDLR, Wazalendo, mercenaires européens et SAMIM combattant pour les FARDC ? ", a-t-elle écrit.
Contexte et escalade des tensions
La crise dans l'est de la RDC, exacerbée par les activités des rebelles du M23, repose sur des accusations de persécutions contre les Tutsis congolais. Ces derniers, souvent désignés comme des alliés de Kigali, subissent des discriminations et des violences croissantes.
Le Rwanda accuse régulièrement la RDC de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une milice composée de génocidaires responsables des massacres de 1994 contre les Tutsi. La RDC, de son côté, accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, aggravant les tensions transfrontalières.
Des initiatives de paix, notamment les processus de Luanda et de Nairobi, ont tenté de désamorcer le conflit. Cependant, Kigali reproche à Kinshasa un manque de volonté politique pour appliquer les résolutions convenues.
Un discours qui alimente le chaos
Les propos du ministre Mutamba, tenus à quelques kilomètres de la frontière rwandaise, sont perçus comme une escalade dangereuse dans un contexte déjà explosif. Ils risquent d'aggraver les tensions entre les deux pays et de compromettre davantage les efforts de paix dans la région.
Jibril Nzaba
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