Des loyers jugés excessifs

De nombreux locataires estiment que les loyers sont devenus disproportionnés par rapport à la qualité des logements proposés. Des augmentations de loyer surviennent souvent sans explication, laissant les résidents face à un dilemme : payer ou déménager.

Béatrice Uwitije, habitante de Gisozi, exprime son mécontentement :
"Les prix sont fixés sans critère clair. Par exemple, un propriétaire peut demander 50 000 Frw pour une maison avec une chambre et un salon, même si elle manque d'entretien ou d'équipements de base comme des toilettes fonctionnelles et un espace pour sécher le linge. Nous demandons l'intervention du gouvernement pour réguler ces tarifs."

Yassine Tuyishime, locataire à Gatenga, explique qu'il paie 25 000 Frw par mois pour une petite chambre, mais vit dans la crainte d'une augmentation soudaine :
"Les maisons sont souvent en mauvais état. Si nous demandons des réparations, on nous menace d'expulsion pour louer à d'autres personnes. Nous ne savons même pas si des lois existent pour protéger les locataires."

Les propriétaires justifient les hausses

Certains propriétaires justifient ces augmentations par la hausse des coûts des matériaux de construction, exacerbée depuis la pandémie de Covid-19.

Habimana Aloys, propriétaire à Kicukiro, affirme :
"Les prix des matériaux de construction ont augmenté depuis la pandémie de Covid-19, ce qui impacte directement les loyers."

De son côté, Francine Ndayishimiye, également propriétaire, met en avant les défis posés par certains locataires :
"Certains locataires commencent par payer régulièrement, puis finissent par accumuler des dettes. Après plusieurs mois sans règlement, nous leur donnons un préavis, mais ils partent souvent sans régler leurs arriérés, ce qui représente une perte pour nous."

Le rôle des agents immobiliers dans la hausse des prix

Un autre facteur contribuant à l'augmentation des loyers est l'intervention des agents immobiliers, communément appelés "courtiers". Ces intermédiaires ont tendance à proposer aux propriétaires des tarifs plus élevés, ce qui pousse les prix du marché vers le haut.

Un cadre légal insuffisant

Damien Ndizeye, Secrétaire exécutif de l'Association pour la Défense des Consommateurs (ADECOR), pointe l'absence de réglementation claire sur les contrats de location :
"Les contrats sont établis à la discrétion des propriétaires, laissant peu de marge de négociation aux locataires. Les délais de préavis varient également d'un cas à l'autre, de 15 à 30 jours, sans réglementation officielle."

ADECOR a alerté des institutions telles que le Rwanda Consumer Protection Authority (RICA) et l'Autorité de régulation de l'habitat, mais celles-ci ont déclaré que la régulation des loyers ne relevait pas de leurs compétences.

Une hausse continue des prix dans les quartiers populaires

Les loyers continuent d'augmenter dans les quartiers populaires de Kigali, notamment à Nyamirambo, où une petite chambre coûte entre 50 000 et 70 000 Frw. Les maisons avec deux chambres et un salon peuvent atteindre 120 000 Frw. À Gisozi, une maison avec une chambre se loue entre 25 000 et 30 000 Frw, tandis que celles avec deux chambres commencent à 45 000 Frw. À Gatenga, les prix varient de 25 000 Frw pour une chambre simple à 50 000 Frw pour une maison avec deux chambres et un salon.

Appel à une régulation du marché

Face à cette situation, les locataires réclament une régulation stricte du marché locatif pour protéger leurs droits et éviter les abus. Ils appellent le gouvernement à intervenir pour établir des critères clairs et encadrer les augmentations de loyer, afin d'assurer un équilibre juste entre propriétaires et locataires.

Les loyers des logements dans la ville de Kigali continuent de grimper

Bazikarev



Source : https://fr.igihe.com/Les-loyers-en-hausse-a-Kigali-qui-est-responsable-de-cette-escalade.html