Un retour qui choque la conscience nationale

Goma n'est pas aujourd'hui une ville comme les autres. C'est une cité assiégée, encerclée, humiliée. Depuis des mois, le Nord-Kivu est en proie à une guerre d'agression menée par la rébellion du M23, soutenue militairement, logistiquement et diplomatiquement par le Rwanda. Des milliers de civils ont été massacrés, des femmes violées, des villages rasés, et plus de deux millions de Congolais vivent aujourd'hui dans les camps de déplacés, privés de tout.

Dans ce contexte dramatique, l'arrivée de Joseph Kabila à Goma, non seulement sans la moindre condamnation des atrocités en cours, mais sous la 'protection' de fait des forces d'occupation ou de leurs alliés, est perçue comme une provocation, un outrage à la mémoire des victimes et une insulte à la Nation.

Kabila et le M23 : des liens ambigus

Les soupçons autour de la complaisance â€" voire la complicité â€" de Joseph Kabila avec le M23 ne datent pas d'hier. Déjà en 2012, lors de la première grande offensive du mouvement rebelle, plusieurs analystes et diplomates s'interrogeaient sur la passivité du pouvoir de l'époque. De nombreux officiers supérieurs proches de Kabila étaient accusés d'entretenir des relations troubles avec les chefs rebelles. Aujourd'hui, son retour dans une ville sous menace directe du M23 ne fait que raviver ces soupçons.

Pire : certains rapports sécuritaires évoquent une possible stratégie politique visant à préparer un retour progressif de Kabila dans le jeu politique national, en misant sur une alliance tacite avec le Rwanda et ses supplétifs armés. Si cela venait à se confirmer, il s'agirait ni plus ni moins d'un projet de recolonisation du Congo par procuration.

Une trahison aux conséquences historiques

Joseph Kabila a dirigé la RDC pendant 18 ans. Il a été Président, Commandant suprême des FARDC, garant de la souveraineté et de l'unité du pays. Il bénéficie encore aujourd'hui d'un statut spécial, de moyens, d'une sécurité assurée par l'État congolais, et d'un respect institutionnel dû à son rang. Qu'il foule aujourd'hui Goma sans un mot pour les martyrs, sans dénoncer l'occupation, sans exprimer la moindre solidarité avec le peuple congolais, est un acte politique lourd de conséquences.

C'est plus qu'un mauvais signal. C'est une ligne rouge franchie. Car pactiser, même par le silence, avec l'ennemi en temps de guerre, c'est trahir la République. Et cette trahison, le peuple congolais ne l'oubliera pas.

Un appel à la vigilance nationale

Le retour de Kabila à Goma ne doit pas être pris à la légère. Il exige une réponse politique forte, une mobilisation citoyenne, et une vigilance accrue de toutes les institutions de la République. L'heure n'est plus à la complaisance, ni aux calculs. Le Congo est attaqué, il saigne, il résiste. Ceux qui choisissent l'autre camp â€" directement ou indirectement â€" se placent hors du pacte républicain.

La République démocratique du Congo survivra. Mais elle se souviendra. Et l'Histoire jugera.

L'article Joseph Kabila à Goma : Le retour de l'ombre ou l'acte ultime de trahison ? est apparu en premier sur Kivu-Avenir.



Source : https://kivuavenir.com/joseph-kabila-a-goma-le-retour-de-lombre-ou-lacte-ultime-de-trahison/