" Nous ne revendiquons pas des solutions au gouvernement de Kinshasa. Nous avons quitté l'étape de la revendication. Nous sommes actuellement un mouvement de libération ", a-t-il lancé devant un parterre de journalistes.

Cette déclaration intervient alors que la situation sécuritaire dans l'est de la République démocratique du Congo demeure extrêmement tendue, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, où les affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23 se sont intensifiés ces dernières semaines.

Les mots de Bertrand Bisimwa ne sont pas anodins. En se définissant désormais comme un mouvement de libération, le M23 revendique un changement de nature stratégique et idéologique : passer d'un groupe de pression politique à une force politico-militaire autonome qui prétend répondre aux besoins de la population locale en dehors du cadre étatique congolais.

" Nous avons des problèmes qui sont là et que nous devons résoudre avec Kinshasa ou sans Kinshasa ", a-t-il martelé, laissant entendre que le mouvement pourrait poursuivre ses actions indépendamment de toute reconnaissance ou négociation officielle avec le gouvernement central.

Le M23 est né en 2012 d'une mutinerie d'anciens membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), eux-mêmes intégrés dans l'armée congolaise à la suite d'un accord de paix signé en 2009. Ces combattants ont repris les armes en accusant Kinshasa de ne pas avoir respecté les engagements pris lors de l'accord du 23 mars 2009 â€" d'où le nom du mouvement.

Après une défaite militaire fin 2013, le M23 s'est momentanément éclipsé avant de refaire surface en 2021, relançant un cycle de violences meurtrières dans le Kivu. Cette résurgence est aujourd'hui liée à des tensions ethniques, des rivalités régionales (notamment avec la présence du Rwanda, accusé par Kinshasa et l'ONU de soutenir les rebelles), ainsi qu'à une crise de gouvernance dans les provinces orientales.

Les déclarations de Bisimwa peuvent être perçues comme un rejet explicite du processus de Nairobi, une série de négociations menées sous l'égide de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) entre le gouvernement congolais et divers groupes armés, dont le M23.

Ce processus, déjà fragile, semble désormais compromis par le positionnement de l'AFC/M23, qui refuse tout retour à la table des négociations dans un cadre qu'il juge inefficace ou déconnecté de la réalité du terrain.

Kinshasa n'a pas encore réagi officiellement aux propos de Bertrand Bisimwa. Toutefois, ces déclarations pourraient être perçues comme une provocation, voire une escalade politique, dans un contexte où le gouvernement congolais affirme vouloir " restaurer l'autorité de l'État " sur l'ensemble du territoire national.

Par ailleurs, les partenaires régionaux et internationaux de la RDC â€" dont la MONUSCO (Mission de l'ONU en RDC) et la SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe) â€" pourraient devoir réévaluer leurs stratégies de médiation et de soutien face à ce nouveau discours radical du M23.

La transformation annoncée du M23 en " mouvement de libération " ouvre la voie à un durcissement du conflit et rend plus incertain l'avenir des efforts de paix dans la région des Grands Lacs. Si aucune solution politique durable n'émerge, la RDC pourrait se retrouver, une fois de plus, face à une longue et sanglante crise armée dans sa partie orientale, au détriment des populations civiles déjà lourdement affectées.

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Source : https://kivuavenir.com/rdc-bertrand-bisimwa-afc-m23-a-goma-nous-ne-sommes-plus-dans-la-revendication-nous-sommes-un-mouvement-de-liberation/