" Je n'ai aucun point d'accord avec Nangaa. AUCUN. Mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas m'asseoir avec lui, parce que j'ai pardonné ", a lancé Fayulu, dans une déclaration qui a immédiatement capté l'attention du public et des analystes politiques.
Martin Fayulu accuse depuis des années Corneille Nangaa d'avoir été l'un des principaux artisans du " coup d'État électoral " de 2018. À l'issue de cette élection, Nangaa avait proclamé Félix Tshisekedi vainqueur, alors que les résultats compilés par l'Église catholique et plusieurs observateurs indépendants donnaient Fayulu largement en tête.
Le leader de la coalition Lamuka n'a jamais reconnu la légitimité de Félix Tshisekedi et se présente toujours comme le " président élu du peuple ". Sa posture l'a conduit à adopter une ligne dure, refusant tout compromis avec ceux qu'il considère comme responsables de la crise de légitimité qui ronge les institutions congolaises.
La déclaration faite à Paris marque un changement de ton. En affirmant avoir " pardonné ", Fayulu semble faire appel à une démarche plus spirituelle ou stratégique. Il précise toutefois que ce pardon ne signifie pas une acceptation des actes posés :
" Pardonner ne veut pas dire effacer les responsabilités. Cela veut dire avancer pour l'intérêt supérieur du pays. "
Cette nuance est cruciale dans le discours de l'opposant, qui tente de maintenir l'équilibre entre fidélité à ses principes et volonté de réconciliation.
Dans la salle, les réactions furent partagées. Une partie de la diaspora a salué le geste comme une preuve de maturité politique et une volonté de tourner la page des rancunes personnelles au profit d'un dialogue national. D'autres, plus sceptiques, ont vu dans ces propos une possible ouverture vers des arrangements politiques, voire un affaiblissement de sa posture d'opposant intransigeant.
Du côté politique, Adolphe Muzito, ancien allié de Fayulu au sein de Lamuka, a salué " un message de paix, qui peut ouvrir la voie à une transition apaisée si elle est suivie d'actes concrets ". En revanche, Moïse Katumbi, aujourd'hui dans une posture d'opposition modérée, a préféré rester silencieux, tandis que des proches du pouvoir ont qualifié les propos de Fayulu de " tactique pour revenir au centre du jeu politique ".
Un analyste politique basé à Kinshasa, Prof. Roger Mamba, estime :
" Cette sortie de Fayulu s'inscrit dans une stratégie de repositionnement. Il sait que l'électorat congolais attend moins de radicalisme et plus de résultats. Cette posture de pardon pourrait bien être le début d'un tournant. "
Alors que la RDC se prépare à de nouvelles batailles électorales et à d'importants défis socio-économiques, le discours de Fayulu peut être perçu comme un appel à rompre avec la politique des divisions. Il reste à voir si ce message trouvera un écho auprès de ses anciens alliés, de ses adversaires, et surtout, du peuple congolais.
Dans un pays marqué par des décennies de crises politiques, cette main tendue même symbolique Ă‚ pourrait bien initier une nouvelle phase du combat démocratique, où le pardon n'exclut ni la justice, ni la vérité.
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Source : https://kivuavenir.com/rdc-le-pardon-strategique-de-fayulu-envers-nangaa-secoue-la-diaspora/
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