" La crise actuelle en RDC est en grande partie le résultat d'échecs en matière de gouvernance, de leadership, et d'incapacité à bâtir des institutions nationales solides et inclusives ", a déclaré Mbeki, s'appuyant sur son expérience de longue date en tant que médiateur dans plusieurs conflits africains, y compris dans le processus de paix congolais du début des années 2000.
Une voix d'expérience continentale
Respecté pour sa finesse diplomatique et sa vision panafricaine, Thabo Mbeki a joué un rôle déterminant dans les négociations ayant conduit à l'Accord Global et Inclusif de 2003, qui mit fin à la Deuxième Guerre du Congo. Ses récentes déclarations sont perçues par de nombreux observateurs comme un signal d'alarme, tant pour les dirigeants de Kinshasa que pour les acteurs régionaux préoccupés par l'aggravation de la crise congolaise.
Il a mis en lumière des problèmes structurels profonds tels que la faiblesse de l'autorité de l'État, la corruption et l'exclusion politique comme autant de freins à la paix et au développement. Mbeki a averti que sans réformes significatives, la RDC risquait de rester prisonnière d'un cycle de violences, en dépit de ses immenses ressources naturelles et de son importance géopolitique.
Des conseils issus de leçons durement apprises
Parmi ses recommandations, Mbeki a exhorté le gouvernement du président Félix Tshisekedi à :
Renforcer le dialogue national en incluant l'opposition, la société civile et les communautés affectées par les conflits ;
Prioriser les réformes institutionnelles, notamment dans les domaines de la justice, de la sécurité et des élections ;
Réaffirmer l'autorité de l'État dans les régions contrôlées par des groupes armés à travers une gouvernance inclusive et des investissements économiques ;
Éviter une dépendance excessive à l'égard du soutien militaire extérieur, en privilégiant des solutions africaines et la diplomatie régionale.
Il a insisté sur le fait que les opérations militaires, à elles seules, ne mettraient pas fin à la crise si les causes profondes des conflits restaient ignorées.
Un test de leadership pour Kinshasa
Les propos de Mbeki interviennent à un moment délicat pour les autorités congolaises. Le président Tshisekedi, entamant un second mandat dans un climat post-électoral contesté, fait face à une pression croissante face à l'instabilité persistante dans l'est du pays, où les groupes rebelles â" dont le M23 et diverses milices â" continuent de semer le chaos et de menacer la paix régionale.
Alors que le gouvernement accuse régulièrement des ingérences étrangères, notamment de la part du Rwanda, l'intervention de Mbeki recentre le débat sur les responsabilités internes, en appelant à plus de responsabilité et à des réformes courageuses.
Kinshasa écoutera-t-elle ?
Les déclarations de l'ancien président sud-africain ont suscité un vif débat chez les analystes, les leaders de la société civile et les citoyens congolais. Certains saluent son franc-parler, y voyant un avertissement salutaire adressé à un pouvoir en difficulté. D'autres y voient une chance d'ouverture pour un dialogue constructif entre Kinshasa et des figures africaines expérimentées.
Reste à savoir si les autorités congolaises prendront au sérieux les conseils de Mbeki  ou s'ils les balayeront comme une interférence extérieure. Alors que la situation sur le terrain continue de se dégrader et que les tensions régionales s'intensifient, le prix de l'inaction pourrait s'avérer plus élevé que jamais.
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Source : https://kivuavenir.com/thabo-mbeki-interpelle-kinshasa-la-solution-est-dabord-entre-vos-mains/
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