Le mouvement se borne, avec une constance presque ascétique, à prendre la communauté internationale à témoin et à annoncer qu'il neutralisera la menace à sa source, sans s'abandonner aux clameurs victimaires dont d'autres font leur fonds de commerce.
La chute d'Uvira procède de cette même longue chaîne de violations du cessez-le-feu imputables au gouvernement congolais dans le cadre du processus de Doha. Elle révèle, une fois encore, que l'argumentaire officiel fondé sur la dramatisation, l'invective et l'exonération de responsabilité ne peut plus abuser quiconque.
La rhétorique du bouc émissaire, destinée à masquer les propres échecs et tergiversations du pouvoir, est désormais éventée : le roi est nu, et nul artifice discursif n'en dissimule plus la vulnérabilité structurelle.
Un contentieux strictement interne travesti en menace extérieure
Par un paradoxe qui confine à l'absurde, Kinshasa, bientôt relayé par certains milieux occidentaux, feint la consternation dès que surviennent des affrontements entre les Forces armées congolaises et l'AFC/M23, un mouvement pourtant composé exclusivement de Congolais.
Cette dynamique interne, héritée des fractures historiques du Kivu, ne relève en rien de l'Accord de Washington, lequel se limite strictement à encadrer le dialogue de paix entre deux États souverains.
A ce titre, les obligations convenues sont dénuées d'ambiguïté :
il incombe à la RDC de neutraliser sans délai les FDLR, groupe armé génocidaire qu'elle entretient encore dans son dispositif sécuritaire en contrepartie, le Rwanda est tenu de lever progressivement ses mesures de défense.
Que certains persistent à amalgamer ces registres relève d'une stratégie politique autant qu'un aveu. En assimilant un contentieux interne à une agression extérieure imaginaire, le gouvernement congolais tente d'éluder sa propre responsabilité dans l'embrasement du Kivu.
Mais la mécanique est désormais visible à l'il nu : derrière les proclamations martiales et les anathèmes commodes se profile un pouvoir désemparé, incapable de masquer plus longtemps le discrédit de ses choix sécuritaires et l'incurie de ses engagements diplomatiques.
Tite Gatabazi
Source : https://fr.igihe.com/L-effritement-du-recit-officiel-et-la-mise-a-nu-du-pouvoir.html
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