Le procès du député national élu de la circonscription électorale de Mont-Amba, Jean-Marc Kabund, a repris le lundi 7 août à la Cour de cassation après une interruption de plus de trois mois.

Cette période d'arrêt faisait suite à la requête d'inconstitutionnalité déposée par les équipes de l'ancien homme fort de l'exécutif de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) afin de se soustraire des poursuites en son encontre.

" À l'audience passée, la Cour de cassation avait rejeté la requête d'inconstitutionnalité que nous avons soulevée et sur base de cette exception rejetée à tort par la Cour de cassation, nous nous sommes dits, on ne va pas s'arrêter à ce niveau-là. Raison pour laquelle nous avons brandi le récépissé qui constitue un acte par lequel nous avons saisi la Cour constitutionnelle à ce sujet. Nous attendons que la Cour constitutionnelle nous fixe très rapidement. La requête concerne l'exception d'inconstitutionnalité que nous avons soulevée, que la Cour de cassation n'a pas trouvé fondée et à tort. J'insiste à ce niveau-là ", avait déclaré à la presse un des avocats de Jean-Marc Kabund.

Ainsi, la cour constitutionnelle s'était prononcée sur cette requête le 27 avril jugeant non fondée l'exception d'inconstitutionnalité soulevée par les avocats de l'ancien président ad intérim de l'UDPS. Le procès devait poursuivre sa route et aboutir aux plaidoiries prévues la semaine prochaine.

Une instruction sur fond d'invectives politiques

Jean-Marc Kabund a été placé sous mandat d'arrêt provisoire le mardi 09 août 2022 après trois auditions devant le parquet près de la cour de Cassation avant l'ouverture du procès le 5 septembre 2022.

Au cours de l'instruction, la cour de Cassation s'est métamorphosée en tremplin politique pour l'ancien premier-vice président de l'assemblée nationale. Jean-Marc Kabund, fidèle à lui même, a formulé quelques critiques dont il a le secret devant la Cour de Cassation à l'endroit du President de la République.

" Ce que j'ai dit contre lui, son père, le feu Étienne Tshisekedi l'a dit contre Mobutu, il l'a dit contre Kabila, lui-même a dit un jour que Mobutu était fou parce qu'on avait empêché le feu docteur Étienne Tshisekedi d'embarquer. Maman Marthe n'a jamais été arrêtée par Mobutu… Mobutu ne l'avait pas arrêté…, l'actuelle première dame n'a jamais été arrêtée par Kabila, mais moi mon épouse été arrêtée et condamnée pour des faits que moi j'ai commis. Kabila n'avait jamais arrêté ma femme ", a dit devant la cour de Cassation Jean-Marc Kabund.

Cette déclaration devant la plus haute juridiction du pays sonne comme une réponse du berger à la bergère, car on se rappelle qu'au tout début du feuilleton Kabund, le President de la République invitait son ex collaborateur à prouver ses propos devant les juges.

" Si tu commences à mentir pour faire croire aux gens que le Président est un voleur, c'est grave. Alors, là, il faudra justifier, prouver aux juges…si les prisons seront pleines avec différentes personnes de ce genre-là, ça le sera ", avait déclaré Félix Tshisekedi au mois d'août 2022 devant la diaspora congolaise au Tchad.

L'ombre de la présidentielle

Jean-Marc Kabund a aussi rappelé devant la cour de Cassation qu'il s'est exprimé comme un Candidat à la magistrature suprême, un chef d'un parti politique de l'opposition avant d'ajouter que son discours n'a rien d'anormal car l'actuel locataire du palais de la nation s'est déjà exprimé de la même manière.

" Je me suis exprimé comme un candidat président de la République, je me suis exprimé comme président d'un parti politique de l'opposition, je me suis exprimé comme un député national. Ce que j'ai dit contre lui, son père, le feu Étienne Tshisekedi l'a dit contre Mobutu, il l'a dit contre Kabila ", a renchéri Jean-Marc Kabund.

Dans la foulée, il a appelé les congolais de ne pas faire confiance à Félix Tshisekedi lors des prochaines joutes électorales, car " la RDC court un danger " avec Félix Tshisekedi à sa tête estimant que " tout est fait vaille que vaille ".

" Je demande au peuple de tout mettre en œuvre pour que monsieur Tshisekedi soit mis de côté aux prochaines élections parce que je considère que le pays court un danger avec lui à la tête. Le danger c'est la misère du peuple, c'est l'insécurité à l'Est du pays et à Kinshasa, le banditisme urbain, les enlèvements. Le danger c'est l'absence totale d'un programme de société cohérent, l'absence d'un programme clair au sommet de l'Etat. Tout est fait vaille que vaille. C'est un essai-erreur. Je considère que parce que le pays court un danger, j'appelle le peuple à ne plus voter pour Tshisekedi…", a t-il arguer devant la Cour de Cassation.

La présidentielle dont fait allusion Jean-Marc Kabund doit se dérouler normalement dans quatre mois et l'enjeu pour le " maître nageur " lors des plaidoiries, réquisitoires et sentences avenir est d'être disculpé de ces griefs pour prendre part au festin démocratique de décembre prochain.

D'autant plus que, d'autres candidats potentiels son sur la sellette à l'instar de Matata Ponyo avec l'affaire Bukangalonzo et Moise Katumbi avec l'affaire des mercenaires qui pourraient ressurgir selon plusieurs sources. À cela s'ajoute la non participation du candidat malheureux de la dernière présidentielle Martin Fayulu qui exige la recomposition de la CENI et la cour constitutionnelle ainsi que l'audit du fichier électoral par des experts qualifiés.

Le danger est pour l'ancien secrétaire général de l'UDPS d'être accablé lors de la plaidoirie du ministère public et de son réquisitoire pour in fine, rater le coche de la présidentielle pour laquelle il a créé son parti politique Alliance pour le Changement (A.Ch).

Cette audience du 14 août prochain qui sera consacrée aux plaidoiries dans le procès qui oppose Jean-Marc Kabund au ministère public constitue la dernière ligne droite pour connaître le sort du candidat déclaré à la présidentielle de décembre prochain. C'est là l'enjeu et le danger des audiences à venir pour la carrière politique du maître nageur.

David Mukendi

Cet article Procès Kabund : La dernière ligne droite de tous les enjeux et dangers est apparu en premier sur Politico.cd.



Source : https://www.politico.cd/la-rdc-a-la-une/2023/08/08/proces-kabund-la-derniere-ligne-droite-de-tous-les-enjeux-et-dangers.html/137244/