Selon plusieurs sources locales concordantes, des hommes lourdement armés, parlant kinyarwanda, auraient été aperçus dans les collines entourant les localités de Kakanga, Bulyaga et Luhwinja centre, provoquant des mouvements de panique et des déplacements de populations. Des témoins rapportent également des intimidations et des tentatives d'extorsion dans certaines mines artisanales.

La chefferie de Luhwinja est l'un des bastions miniers du Sud-Kivu, avec une concentration importante de sites aurifères, exploités à la fois par des artisans locaux et des sociétés minières formelles et informelles. Ces dernières années, des conflits récurrents entre groupes armés pour le contrôle de ces richesses ont provoqué des violences, des assassinats ciblés de creuseurs et des trafics transfrontaliers d'or.

L'arrivée supposée de l'AFC/M23 dans cette région s'inscrit dans un schéma connu : s'assurer le contrôle militaire pour mieux exploiter économiquement. Certains leaders communautaires parlent d'une 'économie de guerre' entretenue par les groupes armés et alimentée par le commerce illicite des minerais, parfois avec la complicité de certains opérateurs locaux et étrangers.

Jusqu'ici actifs dans le Nord-Kivu, principalement dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi, les rebelles du M23 semblent vouloir étendre leur rayon d'action. Le choix du Sud-Kivu frontalier du Rwanda et du Burundi â€" pourrait répondre à des impératifs stratégiques, notamment :

  • Diversification des sources de revenus ;

  • Élargissement du front militaire pour affaiblir la pression des FARDC dans le Nord ;

  • Instrumentalisation des tensions communautaires locales pour créer un terreau favorable à leur implantation.

Cette manœuvre mettrait en péril l'équilibre fragile du Sud-Kivu, déjà affecté par des conflits fonciers, des tensions intercommunautaires, et la présence d'autres groupes armés comme les Mai-Mai, les FDLR, les Ngumino ou encore les Twigwaneho.

Jusqu'à présent, ni l'armée congolaise (FARDC), ni les autorités provinciales n'ont officiellement confirmé l'incursion, mais plusieurs organisations locales, notamment les comités de sécurité communautaires et des ONG, lancent l'alerte. Elles demandent :

  • Le déploiement rapide d'unités FARDC pour sécuriser les villages menacés ;

  • Une enquête officielle sur les allégations de présence des rebelles ;

  • La protection des populations civiles et des creuseurs artisanaux ;

  • La régulation de l'exploitation aurifère dans la région pour couper les sources de financement des groupes armés.

Dans l'indifférence générale, les populations de Luhwinja vivent dans la peur. Les écoles ferment, les activités économiques tournent au ralenti, et les habitants se sentent abandonnés par l'État. Une habitante de Bulyaga, interrogée par téléphone:

" On ne dort plus ici. Des hommes qu'on ne connaît pas rôdent la nuit. Nos jeunes veulent fuir, mais où aller ? "

L'urgence est là. Si rien n'est fait dans les jours qui viennent, Luhwinja pourrait devenir un nouveau foyer de conflit armé, dans une province déjà meurtrie.

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Source : https://kivuavenir.com/rdc-mwenga-infiltration-signalee-des-rebelles-afc-m23-dans-la-chefferie-de-luhwinja-coeur-dune-zone-aurifere-strategique/